Chaque hiver abrite en son coeur
un printemps qui frissonne
et derrière le voile de chaque nuit
se profile une aube souriante. - Khalil Gibran -
Déprimer... Ce terme vient du latin dépressio, ce qui signifie enfoncement: littéralement déprimer c'est s'enfoncer, s'affaisser. Au sens météorologique du terme c'est une diminution de la pression atmosphérique, quelque chose tombe et une sorte de vide se donne à vivre.
Sous des formes plus ou moins intenses, nous sommes tous amenés à vivre ce mécanisme avant tout naturel. Et si vous lisez ce billet, peut-être déjà que le fait de réaliser que nous en passons tous par là vous reconnecte déjà à la possibilité d'accepter que cela vous arrive ou que cela vous soit arrivé.
Oui mais une petite fois. Ou une énorme. Peut-être que ça a été long, peut-être que c'est souvent, régulier, chronique. Peut-être que c'est sourd et latent. Très rare. Très fort. Que parfois c'est un blues tranquille, juste une mélancolie. D'autres fois c'est obsédant et profond. Dans quel état êtes-vous? Quelle forme ça prend pour vous? Dans quelle mesure êtes-vous inquiet? Et quelles sont les émotions qui vous traversent, quelles sont les phrases qui vous viennent? Les besoins qui sont les vôtres à ces moments?
Le rôle du psychothérapeute
En tant qu'être humain, bien sûr que je les connais ces états, j'en ai visités certains. En tant que psychothérapeute je les observe avec vous, je reste à vos côtés . Attentivement je les accueille, je les questionne. A chaque fois c'est l'occasion d'une nouvelle rencontre: toujours plus précise et plus consciente.
Invariablement, la méthode consiste à interroger la part de soi et la part de l'environnement : qu'est-ce qui se passe à ce moment précis de notre vie? S'est-il passé quelque chose de perturbant récemment? Serait-il possible qu'un évènement ancien refasse surface ou soit réactualisé par une situation récente?
Parfois un évènement qui semble anodin peut porter une atteinte énorme. J'ai été surprise de nombreuses fois en entendant certains négliger la portée d'un soi-disant "petit évènement". Nous sommes tellement habitués à nous "blinder" pour nous protéger des impacts émotionnels, que nous émettons une voix jugeante qui nous suggère d'être plus fort, d'être "au-dessus" d'un ci ou d'un ça... Et pourtant dans l'espace du coeur, un écho même discret peut venir brouiller notre perception à bas bruit.
Parfois ce sont des évènements évidents dont il faut faire le travail de digestion, à notre rythme. Comme si chaque moment de déprime était un rendez-vous à honorer de notre présence. Revisiter les moments de vie, les périodes anniversaires, les transmissions de génération en génération,...
Et à chaque fois également s'équiper de ce qui nous sera utile pour traverser en ne négligeant pas le terrain des ressources: notre soutien social, la stimulation de notre santé corporelle, de notre énergie vitale, le respect de nos besoins en terme de calme, de solitude ou au contraire celui d'être entouré ou stimulé. Il est essentiel également de questionner notre état de santé et les carences éventuelles qui pourraient affaiblir notre organisme et nous obliger à puiser dans nos ressources psychiques.
Le conte de l'anneau de sagesse
Un roi s’adressa aux sages de sa cour :« je veux que l'on me confectionne une très belle bague, sertie d’un diamant magnifique. Je voudrais y faire cacher, à l’intérieur, un message qui me serait utile dans une situation désespérée. Il doit être très court afin qu’il puisse se cacher sous le diamant. »
C’étaient tous des hommes sages, de grands érudits ; ils étaient capables d’écrire des grands traités. Mais il fallait trouver un message de moins de deux ou trois mots, qui puisse l’aider dans une situation désespérée… Ils réfléchirent, se penchèrent dans leurs livres, mais ne purent rien trouver.
Le roi avait un vieux serviteur qu’il considérait presque comme son père avant d’être le sien. Le père du roi était mort très tôt et c’était ce serviteur qui l’avait élevé, aussi n’était-il pas considéré comme un domestique. Le roi avait un immense respect pour lui.
Le vieil homme lui dit :« Je ne suis pas un sage, ni un savant, ni un érudit mais je connais le message – car il n’y en a qu’un. Personne parmi ces gens ne peut te le donner, seul un mystique, un être réalisé peut te le confier. Durant ma longue vie au palais j’ai rencontré toutes sortes de gens, et même une fois un mystique.
C’était aussi un invité de ton père et je fus mis à son service. Alors qu’il partait, dans un geste de reconnaissance pour tous les services rendus, il me donna ce message. » Et il l’écrivit sur un petit bout de papier, qu’il plia et donna au roi en disant :« Ne le lis pas. Garde-le caché dans la bague. Ne l’ouvre que lorsque tout le reste aura échoué, quand il n’y aura plus aucun espoir. »
Ce moment arriva vite. Le pays fut envahi et le roi perdit son royaume. Pour sauver sa vie, il s’enfuit à cheval, poursuivi par les cavaliers ennemis. Il était seul et ils étaient nombreux. Il arriva à un endroit où le chemin s’arrêtait. C’était une voie sans issue ; une falaise surplombant une profonde vallée. Y tomber marquerait sa fin mais il ne pouvait plus faire demi-tour, l’ennemi était là, il entendait déjà le bruit de sabots de leurs chevaux. Il ne pouvait avancer, il n’y avait aucune autre issue…
Soudain il se souvint de la bague. Il l’ouvrit, sortit le papier sur lequel était écrit un petit message d’une immense valeur. C’était tout simplement :« Ceci aussi passera ».
Un immense silence descendit sur lui alors qu’il lisait cette phrase,« Ceci aussi passera » et c’est ce qui arriva. Tout ne fait que passer ; rien n’est permanent en ce monde.
Les ennemis qui le poursuivaient avaient dû se perdre dans la forêt, avaient dû se tromper de chemin ; peu à peu le son de leurs sabots disparut. Le roi fut immensément reconnaissant envers son serviteur et envers le mystique inconnu. Ces paroles se révélèrent miraculeuses.
Il replia le papier, le remit dans la bague, rassembla à nouveau ses armées et reconquit son royaume. Le jour où il entra victorieux dans la capitale, il y eut une immense célébration dans toute la ville, de la musique, de la danse. Il se sentait si fier de lui.
Le vieil homme qui marchait à côté de son char, lui dit :«C’est encore le bon moment de relire ton message. »
« Que veux-tu dire, lui répondit le roi, à présent je suis victorieux, le peuple m’acclame, je ne suis pas désespéré et je ne suis pas dans une situation sans issue. »
Le vieil homme dit, « Écoute ce que m’avait dit le saint homme :ce message n’est pas seulement fait pour le désespoir mais aussi pour le bonheur ; pas seulement pour la défaite mais aussi quand tu es victorieux ;pas seulement quand tu es le dernier, mais aussi quand tu es le premier. »
Et le roi ouvrit l’anneau et lu le message : « ceci aussi passera.» Et soudain la même paix, le même silence, au milieu de la foule triomphante, qui faisait le fête et dansait…Mais sa fierté avait disparu. Tout passe.
Il invita son vieux serviteur à monter sur le char et à s’asseoir à ses côtés.
Il lui demanda :« Y a-t-il quelque chose de plus ? Ceci aussi passera…ton message m’a été immensément salutaire.
Le vieil homme répondit :« La troisième chose qu’a dite le saint homme c’est : Souviens-toi, tout passe. Toi seul subsistes ; tu demeures à jamais en tant que témoin. » Tout passe, mais vous persistez. Vous êtes la réalité, tout le reste n’est qu’un rêve. De beaux rêves, des cauchemars…Peu importe, ce qui importe c’est celui qui est conscient du rêve.
Pour aller plus loin
🎧 ÉCOUTER - https://youtu.be/GNFs2CkCFaw
📖 LIRE - François Lelord Le voyage d'Hector ou la recherche du bonheur
VISUALISER - pendant 3 minutes, faites défiler le diaporama des images qui vous font du bien
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